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Un coup d'oeil sur les législatives 2024 : quelles étaient les propositions ?

Les élections législatives de juin 2024 en France revêtent une importance particulière sur le plan économique, dans un contexte marqué par des défis majeurs et des transformations rapides. Ces élections ont déterminé la direction économique que prendra le pays pour les années à venir. Les choix faits par les électeurs influenceront durablement le modèle économique français, la compétitivité des entreprises et la place de la France dans l'économie mondiale. Pour cela, 5 points essentiels sont à retenir...

Investissements étrangers

Le Rassemblement National plaide pour un renforcement des contrôles sur les investissements étrangers, avec une proposition visant à interdire le rachat d'entreprises françaises de pointe dans le secteur numérique par des intérêts étrangers. Cette approche suscite des inquiétudes au sein de l'écosystème entrepreneurial. France Digitale (association de startups en France et en Europe) souligne que les investissements étrangers sont essentiels pour le développement des entreprises françaises, particulièrement dans un contexte mondialisé.

Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques chez France Digitale, met en garde contre une telle interdiction, affirmant que "la France, championne d'Europe avec 1194 projets d'investissements en 2023 selon le baromètre EY, a besoin de partenaires étrangers pour conquérir des marchés comme ceux des États-Unis et de l'Asie."

Recrutement de talents

Le Rassemblement National axe également leur programme sur une lutte stricte contre l'immigration, ce qui pourrait impacter le recrutement de talents étrangers, une question cruciale pour les startups françaises.

France Digitale rappelle qu'une startup sur cinq utilise le French Tech Visa pour accélérer l'obtention de visas et attirer des talents non-européens. Selon Marianne Tordeux, "ce dispositif est un atout majeur pour l'attractivité de la France, notamment pour des développeurs et ingénieurs originaires de différents pays. Ces talents sont essentiels pour maintenir la position de la France comme leader mondial dans le domaine de l'intelligence artificielle." De plus, le recrutement de talents étrangers permet aux startups de s'internationaliser rapidement, à l'image de Partoo, qui a utilisé cette stratégie pour s'implanter dans 50 pays.

Fiscalité

Les Républicains prônent pour une réduction des impôts de production et des cotisations sociales, tant pour les entreprises que pour les salariés. Le programme Ensemble (Renaissance, Modem, Horizons, Parti radical, UDI) propose de ne pas augmenter les impôts pour les entreprises et les particuliers, tout en poursuivant la baisse des impôts de production, avec la suppression progressive de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises d'ici à 2027.

Le RN et Reconquête partagent cette vision, avec en plus l'idée de supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés.

Le Nouveau Front Populaire, quant à lui, se distingue en proposant de supprimer la taxe forfaitaire unique de 30 % sur les revenus du capital, une mesure qui, selon France Digitale, "pourrait freiner les entrepreneurs dans leur capacité à réinvestir dans de nouveaux projets."

Numérique/Innovation

Sur le plan de l'innovation, les partis politiques affichent un consensus en faveur d'une accélération des achats technologiques, avec un soutien particulier à l'Europe pour les achats publics. Cependant, certaines divergences apparaissent dans les modalités d'application.

Le Rassemblement National préconise un recours exclusif à des fournisseurs français pour les commandes publiques dans les secteurs militaires et de sécurité nationale. De plus, il propose d'obliger l'hébergement des données des Français et des services publics en France ou au sein de l'UE, exclusivement par des opérateurs français ou européens.

Reconquête rejoint cette approche avec l'objectif de faire émerger des solutions françaises souveraines dans le cloud et la cybersécurité. Les Républicains, de son côté, souhaitent doubler le budget de l'Union Européenne consacré à la recherche et à l'innovation pour la période 2024-2027, avec pour ambition de porter à 4 % du PIB européen l'investissement dans ces domaines d'ici 2030.

Par ailleurs, la plupart des partis partagent l'idée de financer l'innovation en mobilisant l'épargne des Français. Reconquête propose en particulier de créer un "Livret Innovation" qui permettrait aux Français d'investir dans les startups et entreprises innovantes sans aucune fiscalité, afin de stimuler le dynamisme économique et technologique du pays.

Emploi/Salaires

Le programme Ensemble propose d'augmenter le montant de la prime "Pouvoir d’achat", permettant ainsi aux entreprises de verser jusqu'à 10 000 euros par an, sans charge ni impôt, à leurs salariés. Cette mesure viserait à renforcer le pouvoir d'achat des 6 millions de salariés ayant déjà bénéficié de cette prime en 2023.

De son côté, le Nouveau Front populaire place l'augmentation du SMIC au cœur de ses priorités. Actuellement fixé à environ 1 400 euros net par mois, le SMIC serait porté à 1 600 euros net. L'alliance des gauches (Union de la gauche (UG),les écologistes et divers gauche) propose également d'intégrer des avantages dans les conseils d'administration et de promouvoir le partage de la valeur via l'actionnariat salarié, renforçant ainsi l'implication des employés dans la gouvernance et les performances de leur entreprise.

En conclusion

Les propositions des différents partis témoignent d'une diversité de visions pour l'avenir économique et social de la France. Qu'il s'agisse de l'encouragement à l'innovation, du soutien aux investissements étrangers… chaque parti met en avant des solutions spécifiques pour répondre aux défis actuels.

Finalement, trois partis se partagent 78 % des sièges de la nouvelle Assemblée : Union de Gauche (UG) avec 178 sièges, Ensemble ! (ENS) avec 150 sièges, et Rassemblement national (RN) avec 125 sièges.

Ainsi, les résultats de ces élections restent flous et la France est encore en attente de la nomination d'un nouveau gouvernement.

 

Sources : AMF/ THE CONVERSATION / SITES DU GOUVERNEMENT

Rédactrice : Lisa Chikirou

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